J'entrai dans la pièce.

Cancer, qu'en sais-je?
Quand sert la maladie? Quand sert-elle la vie?
Cancer la gorge. Cancer le cœur.
Quand la maladie serre la vie jusqu'à épuisement du moindre souffle.

Qu'en sais-je, de la maladie?
Rongeuse de vie. Serrement de cœur. Serrement de gorge.
Souvenir d'enfance. Maman qui reste. Chaleur.

Qu'en sais-je? Des pleurs, effroi, réalité rien que pour soi, ceux qui savent, Papa.
Les autres sont à l'extérieur. Loin.
Eux c'est le bonheur d'une vie qui dure. Ici c'est le partage d'une vie qui part. Silence. Tout ralentit, s'immobilise.

Qu'en sais-je? Aujourd'hui la vie repousse,
Sur une terre où il repose désormais.

Qu’on m’habille de velours avant de m’habiller de terre,
Que sa douceur réchauffe mon corps (glacé)
Car qui pense aux morts pendant la froideur de l’hiver ?

Dans la terre, rêvent les morts.
Depuis lors, ils ne reposent pas en paix, ils sont en guerre :
Désirs inassouvis les tiennent éveillés.

Qu’on m’habille de velours avant de m’habiller de terre,
Que sa douceur réchauffe mon corps (glacé)
Car qui pense aux morts pendant la froideur de l’hiver ?

Chaque heure passe au-dessus d’eux indifféremment,
Chacun de leurs rêves est immobile dans l’espace et le temps,
Chacun pense sa vie, au monde qui ne l’attend plus.

Qu’on m’habille de velours avant de m’habiller de terre,
…

J’ai rêvé d’une mort qui avait un autre visage
Juste une nuit, juste une absence avec un point final
Jusqu'à mon réveil.
Qu’on me brûle et que l’on brûle tous les morts,
Que l’on fasse de nos désirs un grand feu funèbre.